Partager la grandeur d’âme des populations nomades, gouter aux festins sous le ciel étoilé, marcher avec une caravane de dromadaire transportant le sel du Lac Assal jusqu’en Ethiopie pour l’échange contre du sorgho : tout cela n’est possible qu’ à Djibouti, le pays ou les cultures locales n’ont pas encore été touchées par les mutations du monde moderne.
Il est possible de faire le tour du pays en ne passant que par ces campements, à la rencontre des deux grandes cultures nomades afars et somalis de la corne de l’Afrique. Une manière de quitter le temps court des sociétés occidentales pour se projeter dans le temps long des nomades, au rythme des hommes, au son des chants et des contes, une manière de vivre l’hospitalité et la tolérance de ces peuples à l’organisation complexe ou les liens d’amitié sont reconnus comme structure sociale. Une expérience inoubliable.
Fondatrice d’Aden, association qui sert de relais aux campements de tourisme intégré créé par les Djiboutiens, Dominique Lommatzsch a été la première à faire partir un circuit découverte « Caravane de Sel » initié par des Djiboutiens. Cette expérience vécue par des voyageurs occidentaux a permis dès 1988 l’ouverture de ce circuit. Dans le même temps, des Djiboutiens ont ouvert les premiers campements d’accueil, des installations simples – daboytas ou toukouls – créés avec l’accord des populations locales et des structures traditionnelles.
Installés aux abords des villages ou à proximité de sites tel le lac Abbé – où le premier hôtel est à 2 heures de route – ces campements ont pour objectif d’associer les populations locales à l’activité touristique (préparation des repas, artisanat local, guidage, partage de savoir-faire, etc.). On en trouve près d’une dizaine, de l’intérieur des terre – campement d’Houmed Loïta au lac Abbé – jusqu’aux plages – campement d’Ouboucky créé par Abdou en coopération avec les pêcheurs d’Obock. Au-delà d’être des projets initiés, créés et gérés par des Djiboutiens, ils ont pour mérite d’associer les villageois, de s’intégrer au paysage, de respecter l’architecture traditionnelle, d’utiliser les matériaux locaux (palmier doum, bois parfois, pierre souvent) et ainsi, de mettre en valeur toute la diversité des sites et paysages sans les dénaturer.
Au moment où Djibouti cherche à renforcer son secteur touristique, où l’on sent et pressent que bien des sites d’exception encore relativement vierges et peu exploités pourraient apparaitre comme autant d’édens tentateurs, ces campements apparaissent comme un cap, une ligne directrice, l’espoir d’un nouveau modèle touristique, d’un exemple djiboutien qui aura su « mettre en tourisme » son territoire pour le bien du plus grand nombre. Le pays est à un tournant. Entre hôtes et voyageurs.