Le Goubet Al-Kharab mystérieux
À l’extrême pointe du Golfe de Tadjourah,le Goubet Al-Kharab est une anse magnifique et inquiétante dominée par l’île du Diable, un dôme impressionnant qui a jailli au milieu de la baie lors des mouvements tectoniques liés à la formation du Rift d’Assal. Accessible par la route qui le domine ou en bateau, le Goubet a toujours pâti d’une réputation maléfique, à telle enseigne qu’aucun pêcheur djiboutien n’y risquerait encore aujourd’hui son embarcation!
Sous le dôme dormirait en effet le gouffre des démons, antre de créatures marines monstrueuses qui, à l’instar des sirènes, tireraient par le fond les audacieux osant s’y aventurer. Le site, il est vrai, a de quoi frapper l’imagination, cerné par des montagnes arides qui dévalent directement dans les eaux.
Balho et la préhistoire
Les amateurs de sensation forte peuvent poursuivre plus loin, jusqu’au site préhistorique de Balho, à 80 km au nord du Lac Assal, et ses peintures rupestres récemment découvertes. Chacun pourra constater sa fragilité, en un lieu peu foulé par les hommes.
Balho est également accessible par Randa, dans la région de Tadjourah, en passant par le village de Dorra. La piste qui relie Dorra à Balho est magnifique, au pied du Mont Moussa-Ali,qui culmine à 2 020 mètres, à proximité de trois dépressions salées : les Sak Allol.
Le Lac Abbé, des paysages lunaires
À une journée au départ de la capitale, après avoir traversé le désert du Grand Bara et la ville de Dikhil, le Lac Abbé dévoile ses paysages lunaires aux yeux ébahis. Une véritable forêtde cheminées calcaires en forme d’aiguilles pouvant atteindre 50 mètres, entourées de sources d’eaux bouillonnantes, laissent échapper de nombreuses fumerolles aux senteurs de soufre qui offrent au voyageur le spectacle insolite d’un monde fantastique. Ces alignements déchiquetés de calcaires dissous, concrétisés au contact de l’eau froide, ont été sculptés par la remontée des vapeurs du magma souterrain. Ce paysage est littéralement unique sur la surface du globe, puisque pour contempler des structures similaires, il faudrait plonger au fond de l’Océan Pacifique, là où se croisent les grandes plaques tectoniques. Hormis les nomades, les seuls habitants de ces lieux reculés aux confins de Djibouti et de l’Éthiopie sont les milliers de flamants roses, ibis, et pélicans, dont l’envol est la promesse d’un spectacle inoubliable.
Le Lac Assal, sur les terres apaisées
Le lac assal est une curiosité naturelle d’une grande beauté, dans un cadre de volcans et de laves noires,à 153 m au dessous de niveau de la mer.
C’est le point le plus bas du continent africain. Dans un prodigieux décor de gypse et de concrétions salines, ce lac se dessine comme une merveilleuse émeraude en chassée dans les montagnes.
Le Lac Assal c’est un spectacle hallucinant, avec à l’arrière-plan la lave noire des volcans qui accentue le contraste de ces teintes éblouissantes que l’azur du ciel ne parvient pas à tempérer.
Outre les touristes, on rencontre souvent des camions chargés transportant le sel du lac vers les hauts plateaux éthiopiens sous le regard amusé des vendeurs de souvenirs. Attention aux sources d’eaux chaudes.
La foret du Day
Quand l’horizon s’aplanit ou que le chaos minéral s’apaise, un autre Djibouti se fait jour, fait de verdure et de fraîcheur.
La forêt du Day. L’oasis de Bankoualé et sa jolie cascade qui coule en toutes saisons alimentent des jardins verdoyants dominés par des palmiers caractéristiques de la région, couronnés d’un épais bouquet de feuilles dressées en éventail. Depuis ces jardins paradisiaques s’étirent les contreforts de la région montagneuse du Mont Goda (entre 1 200 et 1 700 mètres), qui bénéficie d’un climat doux, sanctuaire de nombreuses espèces animales et végétales. Au sommet de la montagne, la forêt du Day est le dernier vestige africain de la forêt primaire du Sahara avant la désertification. Des genévriers géants, des oliviers sauvages, des acacias, des jujubiers, d’impressionnants figuiers étrangleurs et d’autres spécimens d’une végétation rayée de la surface de la terre constituent le lieu de vie d’une faune variée : francolins, genettes, singes…
Le massif des Mablas
La ville d’Obock est le point de départ des excursions vers les mangroves de Godoria et Khor Angar (à faire en petit bateau moteur), le phare de Ras Bir, et le site volcanique exceptionnel de Ras Doumeira et Ras Syan.
Dans l’arrière-pays, les Mablas, massif verdoyant au climat tempéré, encore très peu fréquenté, sont coiffés de la seconde forêt du pays. Le site, magnifique, est le terrain de jeu favori des amateurs de conduite sportive en brousse, tandis que les mordus d’alpinisme, des amateurs aux professionnels confirmés, y trouveront le lieu enchanteur de leur passion. Comme dans la forêt du Day, les espèces végétales semblent des survivantes des temps préhistoriques.
L’archipel des Sept Frères
Certains sites comme l’archipel des Sept Frères, le tombant d’Obock, les îles Moucha et Maskali, la Plage des sables Blancs, et le Goubet sont de véritables jardins botaniques. La température (toujours supérieure à 22°C), la salinité, la clarté et la pureté de la mer présentent les conditions idéales du développement luxuriant de récifs coralliens peu profonds aux mille couleurs, dont les hôtes se caractérisent par la diversité, la richesse, l’élégance, la délicatesse, la singularité de leurs formes. Aucune description ne peut rendre compte de l’exubérance des teintes qui s’offre à l’œil.
L’incroyable foisonnement et la densité inédite des fonds marins djiboutiens en font un assemblage d’habitats uniques. Dans cet univers paradisiaque évoluent 167 espèces de coraux, des myriades de poissons multicolores (poisson clown, poisson papillon, poisson ange, gaterin à points noirs, perroquet vert et bleu), 27 espèces de requins, des tortues, des murènes, des raies manta, plusieurs espèces de dauphins…
Tadjourah, la ville de Rimbaud
La première traversée du golfe doit nécessairement s’effectuer par la mer, depuis la jetée du port aux boutres de Djibouti-ville où les voyageurs attendent l’heure du départ sur des quais encombrés de marchandises hétéroclites et de senteurs. Pendant la traversée, il n’est pas rare d’assister à un ballet de dauphins habitués à accompagner les boutres en guise de bon voyage. Puis après trois heures et demie de boutre, la ville blanche et ses palmiers se détache de l’horizon. La capitale des sultans de Tadjourah, la ville aux sept mosquées, a connu ses heures de gloire lorsque les caravanes remontaient vers l’empire abyssin. C’est aujourd’hui une petite ville tranquille d’à peine 10 000 habitants, où les dromadaires attendent immobiles la décharge des denrées. Ne pas manquer les forgerons de la place, la maison d’Arthur Rimbaud, et les artisans déployés à chaque coin de rue.
Obock à la française
L’ancienne « capitale » du protectorat français est l’un des cœurs du pays afar, une petite ville baignée par les eaux cristallines de la Mer Rouge et tournée vers le Yémen. Avec ses alignements de maisons à arcades blanchies à la chaux, Obock évoque les récits de voyage des aventuriers du XIXe siècle, avec son cimetière marin chargé d’histoire.
Tout autour de la ville, les plages de sable fin accueillent les dromadaires venus déguster les feuilles fraîches des palétuviers, tandis que les sites majestueux allant de l’aride à la luxuriance végétale en font la destination djiboutienne préférée des chercheurs d’absolu.
Ali Sabieh haute en couleurs
Dans un cadre magnifique de montagnes rouges, à 750 mètres d’altitude, la petite ville créée il y a un siècle est la dernière station du chemin de fer avant l’Éthiopie. Les couleurs enflammées de son environnement contrastent avec la blancheur aveuglante de ses maisons incrustées de corail, et donnent à Ali Sabieh a un cachet spécifique, fait d’effervescence autour de la gare où le long des rails, femmes et enfants proposent aux voyageurs toutes sortes de produits.
Dikhil la douce
Petite ville coquette nichée sur un promontoire rocheux, Dikhil est un lieu de passage très fréquenté entre Djibouti et l’Éthiopie. Illuminée par son allée principale de lauriers roses, cerclée de la plus ancienne palmeraie du pays, c’est une ville de couleurs, couverte de mosaïques, notamment ses mosquées typiques d’une architecture musulmane endogène.
L’île Moucha
C’est une petite île semi-désertique de la république de Djibouti à l’entrée du golfe de Tadjourah, à une quinzaine de kilomètres au large de la ville de Djibouti.
L’île possède une mangrove de palétuviers et est principalement connue pour la beauté de ses fonds sous-marins et comme site de plongée. Quelques petits îlots et l’île de Maskali se trouvent à proximité de Moucha. L’ensemble étant quelquefois nommé les îles Moucha. Ils constituent la partie émergée d’un récif corallien.
Les îles Moucha sont utilisées en 1914 par Henry de Monfreid comme cache d’armes qu’il essaye de vendre en contrebande1. Après que le dépôt est découvert, un «détachement de gardes indigènes» est installé sur l’île 2, dont l’accès est interdit. Ce poste de surveillance est supprimé en mai 1915.
En avril 2008, le président Guelleh a annoncé le projet de louer l’île à des investisseurs chinois qui prévoient d’y construire un hôtel de luxe et un casino.
Bankoualé
Bankoualé. Terre des Afars. Terre enclavée. En quelques heures, la mer semble oubliée. La piste grimpe. Dans cette région de moyenne montagne, ne demeure qu’un paysage de pierre, un univers minéral ponctué de quelques villages hirsutes, comme miraculés, quelques simples cases, toukouls de palmier et de bois. L’été, les citadins de Djibouti viennent y respirer un peu de fraicheur. L’hiver, c’est au tour de quelques rares touristes ou randonneurs…
La route de Bankoualé se gagne. Situé dans une région de moyenne montagne, entre 1200 et 1700 m, la piste n’est qu’un vague tapis de cailloux, un trait sinueux où même les 4×4 peinent à vaincre la pente. Ca et là, quelques acacias agrippés à la roche ponctuent de taches vertes un tableau tirant vers l’ocre et le gris. On croise aussi des figuiers étrangleurs qui semblent étreindre de leur racine ces roches si omniprésentes, résumant assez bien le combat auquel se livre la nature pour survivre en ce milieu minéral où tout est si rare, à commencer par l’eau.
Le campement de Bankoualé a été fondé en avril 1997 par Houmed Ali, un enfant du pays, afin de contribuer au développement local, à la création d’emploi et indirectement à la promotion de l’agriculture et de l’artisanat par les achats de fruits, légumes, et des produits artisanaux. Au départ, il n’y avait que quatre toukouls (cases rondes), une salle de restaurant et une cuisine. Mais, en six mois, Houmed réussit à mettre en place quatorze toukouls. Aujourd’hui, le site dispose de 20 paillotes. On y trouve même six douches et toilettes et les toukouls ont l’électricité grâce à l’installation de panneaux solaires. Un luxe ici !
En route vers le village d’Ardo. La roche est toujours omniprésente.Ici, les villageois ne peuvent compter uniquement sur l’élevage.Beaucoup de familles ont au moins une personne qui travaille à Djibouti ville, dans l’administration. Tout l’économie du pays est concentrée la bas. L’hiver, Bankoualé comprend à peine sept foyers. L’été, poussé par la chaleur, beaucoup reviennent et on en dénombre jusqu’à quarante.
Au sein des différents villages, le terrain est divisé par tribus et les chèvres marquées afin qu’elles broutent dans le champ qui leur est alloué. Cela semble quelque peu irréel tant elles semblent vaquer d’un lieu à l’autre. Nous croiserons aussi un chameau rêveur, un daman (mammifère qui ressemble à une grosse marmotte) fugueur, quelques passereaux colorés mais ni babouins ni dig-digs (gazelle), pourtant bien présents dans les environs.
Village d’Ardo. Nous passons une école. Les enfants sont curieux, accueillants, les femmes plus timides mais si essentielles. Elles sont partout et semblent omnniprésentes. Au-delà de l’école, on les croise portant l’eau, le bois, travaillant la terre, préparant le repas, le thé, auprès des enfants. Dignes, élancées, elles semblent porter ces villages à bout de bras.
Un échange fugace entre l’un des photographes de notre groupe et quelques enfants. Si les rencontres restent furtives, chacun s’essaie à ce qu’elles restent des rencontres.
Fatouma nous accueille dans la coopérative artisanale des femmes d’Ardo. Ici, les femmes travaillent le palmier doum et réalisent principalement des vanneries décorées de colorants naturels mais aussi des boucles d’oreilles, des porte-monnaie en perles. Créée en 1992 pour soutenir l’artisanat local, l’association regroupe 60 femmes de six localités de la région de Bankoualé, dont le nom évoque justement une espèce de palmier. Chacune réalise les objets de son choix et décide de son prix. Les clients sont principalement les personnes des campements. Grâce à ce complément de revenus, ces femmes réussissent à avoir un salaire régulier sur l’année. A Djibouti, nous rencontrerons la magnifiqueMasso, qui nous en dira plus sur l’association et les projets de cette coopérative. (A suivre…)
L’eau. C’est peut-être le mot clef ici. Elle manque cruellement.Tous les matins, les villageois de Bankoualé se retrouvent autour du puits. L’eau est rare, et pourtant, les villageois de la région de Bankoualé ont réussi à créer de petits potagers et un magnifique jardin de manguiers tel une oasis de verdure et de fraîcheur planté au milieu de la roche, un miracle dans cet univers minéral, un éden où les randonneurs viennent pique niquer en été, quand la chaleur se fait insupportable à Djibouti, quand les manguiers offrent leurs fruits.
Fin de notre halte à Bankoualé. Il nous faut déjà repartir. Le voyage est un éternel départ vers d’autres ailleurs. Cette fois, cap vers le lac Assal et sa banquise de sel. A suivre…